LA PAIMPOLAISE
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Extrait musical joué par Jacques Fraudet
LA PAIMPOLAISE
Chanson écrite par Théodore Botrel en 1895
Jean-Baptiste-Théodore-Marie Botrel, né le 14 septembre 1868 et mort le 26 juillet 1925
Paroles
Quittant ses genêts et ses landes
Quand le Breton se fait marin
Pour aller aux pêches d'Islande
Voici quel est le doux refrain
Que le pauvre gars
Fredonne tout bas :
Refrain:
J'aime Paimpol et sa falaise
Son église et son Grand Pardon
J'aime surtout ma Paimpolaise
Qui m'attend au pays Breton
Quand les marins quittent nos rives
Le vieux curé leur dit : bon vent
Priez souvent Monsieur Saint-Yves
Qui nous voit des cieux toujours bleus
Et le pauvre gars
Fredonne tout bas :
Le ciel est moins bleu, n'en déplaise
A Saint-Yvon , notre patron
Que les yeux de la Paimpolaise
Qui m'attend au pays Breton
Guidé par la petite étoile
Le vieux patron d'un côtre fin
Dit souvent que sa blanche voile
Semble l'aile du Séraphin
Et le pauvre gars
Fredonne tout bas :
Ta voilure, mon vieux Jean Blaise
Est moins blanche au mât d'artimon
Que la coiffe de la Paimpolaise
Qui m'attend au pays Breton
Le brave Islandais sans murmure,
Jette la ligne et le harpon,
Puis dans un relent de saumure,
Il se couche dans l'entrepont...
Et le pauvre gars
Soupire tout bas :
Je serions bien mieux à mon aise,
Devant un joli feu d'ajonc,
A côté de la Paimpolaise,
Qui m'attend au pays Breton
Mais souvent l'Océan qu'il dompte
Se réveille, lâche et cruel,
Et lorsque le soir, on se compte,
Bien des noms manquent à l'appel...
Et le pauvre gars
Fredonne tout bas :
Pour combattree la flotte anglaise,
Comme il faut plus d'un moussaillon,
J'en caus'rons à ma Paimpolaise,
En rentrant au pays Breton.
Puis quand les vagues le désigne,
L'appelant de sa grosse voix,
Le brave Islandais se résigne,
En faisant un signe de croix...
Et le pauvre gars
Quand vient le trépas,
Serrant la médaille qu'il baise,
Glisse dans l'Océan sans fond
En songeant à la Paimpolaise
Qui l'attend au pays Breton.
L'histoire
La Paimpolaise, est née d'un hasard, en 1895. Un chansonnier du cabaret le Chien noir, à Paris, est malade. On propose à Théodore Botrel, l'inconnu dinannais de le remplacer. En quelques heures (comme il l'indique dans ses Souvenirs d'un barde errant), il se compose « un programme nouveau ». Parmi ces airs neufs, la Paimpolaise... qui ne soulève pas les foules. Jusqu'à ce que s'en empare Félix Mayol, un an plus tard.
Vendue pour quelques sous
La carrière de l'élégant amateur de chansons grivoises est lancée, la chanson aussi. "Évidemment, à l'époque, il n'y a pas de hit-parade, précise Pierre Tronchon. Dans les rues, des joueurs d'accordéons vendent pour trois sous des feuillets avec les paroles de chansons que l'on appelle petits formats . On sait que les ventes de La Paimpolaise ont explosé. "
Paimpol la commerçante, la ville des armateurs, est à l'époque plus petite que ses voisines Plourivo, Kerfot ou Kérity, plus ouvrières et agricoles. Connue pour être un des plus grands ports morutiers et de construction de goélettes de Bretagne, la petite ville en devient bientôt un emblème de toute la région, grâce à la chanson.
Pourtant, à l'époque de son écriture, Théodore Botrel n'a jamais mis les pieds à Paimpol... Pire encore, la fameuse « falaise » chantée par toute la France... n'existe pas tout à fait. Elle pourrait correspondre au surplomb sur la mer depuis Pors-Even, où à une maison de passe de Paimpol, où plus simplement à rien, sinon la rime...
La musique ralentie
En réalité, Théodore Botrel s'est inspiré du roman de Pierre Loti, pêcheur d'Islande, qu'il vient de dévorer. L'histoire d'amour entre la jeune Gaud et Yann le pêcheur se transpose dans la chanson : Un marin parti vers l'Islande, qui pense à sa belle Paimpolaise... jusqu'à périr en mer. Au départ composée sur un rythme de chasse, la musique (d'Eugène Feautrier) est ralentie au fil des ans, pour en devenir plus mélancolique, quelques couplets sont réécrits.
Théodore Botrel ne viendra qu'en 1896 à Paimpol, puis l'année suivante, chanter pour le pardon des Islandais. La chanson, par la voix de Mayol, poursuit sa carrière. Au fil des décennies, les adaptations se multiplient : La Lannionnaise, La Brestoise, la petite Liégoise (en Belgique)... 300 chansons fleurissent
Sources: La paimpolaise: une histoire de l'hymne breton